Publiée le 28 Nov. 2017

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COMPTE RENDU DE l’ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL DE QUARTIER
« HÔPITAL SAINT-LOUIS/FAUBOURG DU TEMPLE »
LE MARDI 26 SEPTEMBRE 2017, 19-21 H – PLACE SAINTE-MARTHE


 

Sujet : Se bouger pour son quartier
Le budget participatif : où en est-on ?
Des mamans agissent pour retisser du lien


 

En présence et avec la participation de :

– Paul Simondon (premier adjoint au Maire chargé de l’Urbanisme, de l’Espace public, des Déplacements et de la Propreté)

– Sylvain Raifaud (adjoint au Maire chargé de la Démocratie locale, du Budget participatif, de la Vie associative et des Espaces verts)

– Stéphane Bribard (conseiller d’arrondissement délégué à la Sécurité, à la Prévention et à la Nuit, élu référent du quartier Hôpital Saint-Louis / Faubourg du Temple)

– les associations « Les parents ont du cœur » et « Dena’Ba »

 

Tout d’abord un grand merci à Kheira des « Quatre Horizons » et aux habitants du quartier Sainte-Marthe qui ont aidé l’équipe à installer cette nouvelle plénière en plein air, qui ne sera certainement pas la dernière.
Le premier quart d’heure a été consacré à prendre tous ensemble un apéritif fourni par Kelbongoo (la jeune entreprise d’ESS qui va porter le projet de « halle alimentaire au 3 rue Bichat), fort goûté des participants – là aussi, une expérience à répéter – tandis que certains profitaient de la présence d’une urne, tenue par Léa Floch, Claire Morvan et Kenzy Boukhtouche, du bureau de la Démocratie locale, pour découvrir les projets proposés cette année au scrutin du budget participatif et voter.

 

1/ Introduction de la réunion par le Conseil de Quartier
  • Ouverture / rappel de ce qu’est un Conseil de Quartier par Anissa El Khattabi (équipe d’animation) : Les conseils de quartier ont été créés par une loi de février 2002 pour les villes de plus de 80 000 habitants. On compte actuellement 123 conseils de quartier à Paris, dont six dans le 10e Le nôtre – Conseil de quartier « Hôpital Saint-Louis / Faubourg du Temple » – forme un carré délimité par la rue du Faubourg du Temple à l’est, le quai de Jemmapes au sud, la rue de la Grange-aux-Belles à l’ouest et le boulevard de la Villette au nord ; 11 400 € lui sont attribués chaque année à titre de budget d’investissement et de fonctionnement. Le but du conseil de quartier est d’être un acteur de notre quartier et un intermédiaire entre la Mairie et les habitants. Le conseil de quartier et cette assemblée plénière doivent leur existence aux bénévoles qui prennent sur leur temps pour s’investir dans l’équipe d’animation. L’équipe, composée de simples habitants, choisit les sujets des réunions et essaie d’organiser les débats. Nous ne sommes pas nombreux. Nous avons besoin d’énergies fraîches pour faire vivre ce conseil de quartier et pour faire vivre le quartier tout court. N’hésitez pas à laisser vos coordonnées si vous voulez nous rejoindre et devenir acteur de votre quartier.

 

 

2/ Le budget participatif : où en est-on ?

 

Camille Arnodin (équipe d’animation) commence par rappeler ce qu’est le budget participatif. L’encyclopédie libre en ligne Wikipedia le définit comme un processus de démocratie participative dans lequel des citoyens peuvent eux-mêmes déterminer l’affectation d’une partie du budget de leur collectivité territoriale, généralement à des projets d’investissement. Née en 1989 à Porto-Alegre au Brésil, cette pratique s’est diffusée à travers le monde. Les premières expériences françaises remontent au début des années 2000. Avec le renouvellement des équipes municipales en 2014, on a assisté à un renouveau important des budgets participatifs à travers tout le pays.

 

L’objectif de cette réunion publique est de faire le point sur ce dispositif de démocratie participative, afin d’en montrer aussi bien les atouts que les faiblesses, dans l’objectif de l’améliorer à l’avenir.

 

À Paris, ce sont (d’après les informations que chacun peut retrouver sur le site de la Mairie de Paris : https://budgetparticipatif.paris.fr/bp/) :

– toutes les Parisiennes et tous les Parisiens, sans condition d’âge ou de nationalité, qui peuvent proposer et voter les projets ;

– 5 % du budget d’investissement de la Ville, soit près d’un demi-milliard d’euros sur l’ensemble de la mandature (c’est-à-dire jusqu’en 2020), qui est consacré à ces projets; en 2017, l’enveloppe consacrée au budget participatif pour tout Paris dépasse les cent millions d’euros ;

– 30 millions d’euros sont réservés aux « quartiers populaires » (estampille créée en 2016 dans le but de rééquilibrer les bénéfices du dispositif, qui a vocation à apprendre de ses imperfections), avec pour objectif d’y favoriser l’émergence de projets.

– 10 millions d’euros sont réservés aux écoles primaires et aux collèges pour accroître la participation des enfants et des jeunes à la citoyenneté.

- 4 phases :
  • dépôt de projet sur le site internet (cette année : entre le 24 janvier et le 21 février 2017, c’est-à-dire moins d’un mois). Pour faciliter cette étape plusieurs Mairies proposent des ateliers d’aide à la rédaction des projets, en lien avec les Conseils de quartier, les Maisons des Associations ou des collectifs locaux.
  • phase de co-construction (de mars à mai) : après un premier écrémage, un travail collectif vise à mutualiser les projets ayant ou une même localisation ou une même thématique (ainsi, le projet « Se bouger de 2 à 100 ans » qui, dans l’édition 2016, a avalé le projet d’une structure de gymnastique douce à Sambre et Meuse déposé par le Conseil de quartier, ou encore, cette année, les deux projets de rénovation de la bibliothèque François Villon, réunis avec d’autres propositions concernant des bibliothèques municipales dans le cadre du projet « Coups de culture », inscrit sur le bulletin du Tout Paris) ; en même temps (de mars à fin juin) se déroule une phase d’étude : analyse de faisabilité et chiffrage des coûts par les services techniques de la Ville, puis tri définitif par des commissions réunies dans chaque arrondissement, réduisant les quelque 5000 projets déposés en janvier-février à moins de 500 (cette année : 27 sur « Tout Paris » et 459 dans les vingt arrondissements)
  • phase de communication (de juillet à septembre)
  • phase de campagne intensive et de vote (cette année : du 13 septembre au 1er octobre) : vote en ligne et dans des urnes, fixes ou volantes, installées dans l’espace public (à la Mairie, devant les écoles ou le Centre social Aires 10, et sur la place ce soir)

 

Quelques exemples :
  • L’aménagement de la place du Buisson Saint-Louis avec peinture au sol et installation du kiosque a été réalisé grâce à la première édition (2014). Les habitants ont alors choisi, entre autres thèmes proposés par les services de la Ville, celui de la « Reconquête urbaine », et ce sont les services qui ont choisi de localiser une réalisation devant les locaux du Centre social Aires 10.
  • « Réinventons le Buisson Saint-Maur », seul projet concernant le quartier Hôpital Saint-Louis/Faubourg du Temple inscrit au bulletin de vote cette année (no 7). Les porteurs demandent qu’il soit retiré, la rédaction définitive ne correspondant plus à l’idée déposée et co-construite, qui conjuguait végétalisation et circulations douces. Limité au bout du compte à la seule végétalisation, le projet perd son sens et ne justifie pas le coût affiché. (Sylvain Raifaud tente de justifier la modification du projet par des considérations de faisabilité : la Mairie gardera toujours le dernier mot.)
  • « Une halle alimentaire pour le 10e arrondissement », projet de subvention à l’installation de Kelbongoo, déposé par le collectif Stopmonop et arrivé deuxième au scrutin du budget participatif 2016. Une représentante du collectif rappelle l’historique du dispositif des « Quatre saisons solidaires » et la mobilisation des habitants qui a abouti à l’installation d’une « halle alimentaire » (alimentation de qualité à la portée de tous dans le respect de l’environnement et en garantissant une rémunération juste aux producteurs) dans le 10e. Deux problèmes sont évoqués : 1ol’absence de toute information en direction des nombreuses personnes ayant exprimé sur la plate-forme du budget participatif leur désir de « s’associer à la réalisation » du projet ; 2o la décrédibilisation de tout le processus suite au blocage de dernière minute de la subvention votée sous prétexte de difficultés juridiques qui auraient dû être identifiées plus tôt, au risque d’une mise en péril du projet… Finalement débloqué grâce à la mobilisation des habitants, du conseil de quartier et des élus (notamment du groupe communiste) : inauguration prévue en octobre.
  • L’une des thématiques constantes du budget participatif, c’est le sport. Il y a toujours abondance de projets sportifs, mais la question se pose des urgences en matière d’investissements. Camille Arnodin rappelle les plaintes des habitants au sujet de la piscine Lagatu (dégradations qui durent depuis des années). Stéphane Bribard assure que les élus ont conscience de ces problèmes et s’appliquent à les résoudre. Une animatrice de l’AJAM, conviée par l’équipe d’animation lors de la tenue de l’urne du budget participatif devant le collège de la Grange-aux-Belles, est alors invitée à prendre la parole pour parler du projet « Réaménager les équipements sportifs extérieurs de la Grange-aux-Belles » (n° 24), élaboré par les jeunes du quartier avec l’aide, très compétente et très appréciée, d’un militant associatif. En revanche, les projets de ce genre, exemplaires du sens positif que peut avoir le budget participatif, sont très handicapés sur le plan de la communication pendant la période de vote, face à ceux portés par de grandes structures qui maîtrisent à la perfection les nouvelles technologies et peuvent s’appuyer sur des réseaux de milliers d’adhérents. [Bravo aux jeunes et à leur idée qui, au final, figure parmi les projets lauréats de l’arrondissement !]

 

Les questions que les expériences de trois années amènent à poser

 
  • L’objectif du budget participatif
    • Ce dispositif doit-il être consacré principalement à des idées / projets conçus par les habitants ?
    • ou est-il plutôt une manière pour les habitants d’arbitrer les choix d’investissement de la Ville de Paris ?
      • se pose la question du renouvellement permanent des idées et de leur épuisement possible, le danger de fuite en avant
      • n’y a-t-il pas parfois des besoins plus urgents d’entretien de l’existant ?

    • Le budget participatif est-il (se veut-il) une manière de renforcer la présence de citoyens déjà bien impliqués dans le processus démocratique ou plutôt de rapprocher de ce processus ceux qui ne sont que trop souvent laissés de côté ? Problème des inégalités qui se reproduisent au sein d’un dispositif censé les réduire.


 
  • L’organisation du budget participatif
    • Sur la partie dépôt : le temps donné à l’élaboration des projets est de plus en plus court, réduit au profit du temps destiné à la communication ; cela rend plus difficile le travail réalisé pour impliquer les habitants plus éloignés de ces dispositifs, qui tendent à être accaparés par ceux qui sont déjà plus outillés (par leur éducation, leur activité professionnelle, etc.)
    • Sur la partie vote : les habitants, et plus particulièrement les victimes de la « fracture numérique », n’ont pas suffisamment l’occasion de prendre connaissance des projets pour lesquels on leur demande de voter ; la tenue des urnes est un exercice très difficile
    • Question du traitement des bugs / problèmes / incidents
    • Question de l’argent réservé au budget participatif : est-il ôté à d’autres secteurs (l’entretien des établissements publics, écoles et autres) et à d’autres projets ?


 

Sylvain Raifaud, invité à dire quelques mots en guise de conclusion sur les pistes d’amélioration et de réflexion, félicite d’abord le Conseil de quartier pour la tenue de cette plénière sur la place publique. Il rappelle que c’est à la plénière tenue sur la place du Buisson Saint-Louis le 30 juin 2016 qu’est née l’idée de la « Gratiféria », espace de libreS échangeS qui, tout au long de l’année, s’est alors installé le premier dimanche de chaque mois au Centre culturel Emmaüs de la rue Jacques Louvel-Tessier. Il insiste sur l’ampleur inédite du budget participatif parisien en comparaison des dispositifs semblables mis en place dans d’autres villes et sur les méthodes d’accompagnement qui ne cessent d’évoluer, avec la participation d’associations comme « Cap ou pas cap ».

 

Une habitante soulève la question de la piétonisation partielle du bd de Belleville, projetée par nos voisins du 11e et du 20e suite au vote du budget participatif 2016. Les reports de circulation annoncés (par l’axe Claude Vellefaux-Parmentier et la rue du Faubourg du Temple) inquiètent fortement les habitants du quartier, qui ont l’impression d’avoir été exclus de la concertation.

Sylvain Raifaud promet une réunion publique inter-arrondissements à ce sujet.

 

Paul Simondon fait la liste des réalisations du budget participatif dans le 10e arrondissement, mettant notamment en avant l’aménagement de la place du Buisson Saint-Louis, issu de la première édition du dispositif, la sécurisation de la piste cyclable quai de Valmy, projet voté en 2015, ou encore la Halle alimentaire, plébiscitée en 2016 et inaugurée le 12 octobre 2017, qui a surmonté tous les incidents de parcours et fait désormais l’objet d’un très large consensus.

 

Charly Ferret (équipe d’animation) résume :
  • il y a encore très peu de projets sur notre quartier et beaucoup de gens qui demeurent à l’écart du dispositif
  • pour autant, les besoins sont nombreux et pressants : à témoin la mobilisation des mamans qui fera l’objet de la seconde partie de cette plénière
  • essayons de réfléchir ensemble à ce qu’on pourrait faire pour le quartier lors de la prochaine édition du budget participatif

 

 

3/ Des mamans agissent pour retisser du lien

 

Charly Ferret présente les deux associations d’habitantes actives dans le quartier (« Les parents ont du cœur » et « Dena’Ba ») et expose la situation qui est à l’origine de leur mobilisation : au printemps de cette année, des rixes ont opposé des jeunes du 10e et du 19e arrondissement. Des habitantes, mamans, ont décidé d’agir ensemble pour recréer du lien social au sein du quartier.

 

Pour traiter ce point, l’assemblée se divise en quatre petits groupes comprenant chacun un membre de l’équipe d’animation et une ou plusieurs mamans mobilisées. Chaque groupe reçoit un plan imprimé du quartier. On demande à tous de réfléchir 1o à une idée pour favoriser la rencontre entre habitants et de la noter sur la carte ; 2o à une idée d’investissement, dans l’intérêt général, qui pourrait être proposée dans le cadre du budget participatif 2018. En fait, l’heure est plutôt aux échanges à bâtons rompus, chacun profitant de ce cadre qui réunit des représentants de toute la diversité de notre quartier.

 

Le manque de temps et d’éclairage (idée à proposer au Budget participatif 2018 : la remise en service de l’éclairage public place Sainte-Marthe) n’a pas permis de restituer sur place les résultats du travail de groupe, dont le premier mérite a été de permettre aux uns et aux autres de se découvrir ou de mieux se connaître. Ci-dessous quelques-unes des idées exprimées :
  • organiser un service de livraison de repas à domicile pour les personnes âgées pour favoriser les rencontres intergénérationnelles
  • poursuivre les rencontres et les échanges dans le cadre d’ateliers de cuisine (avec la participation de Kelbongoo et de La Nouvelle Rôtisserie)
  • retrouver l’association « Dena’Ba » au marché de Noël avec de l’artisanat d’Afrique que les mamans comptent monter cette année sur la place du Buisson Saint-Louis ; demander aux abonnés de la liste de diffusion du Conseil de quartier de faire des gâteaux à vendre au profit de l’association
  • mettre en place des actions d’insertion professionnelle en direction des jeunes du quartier : par exemple, des chantiers pour rénover les appartements (ce qui nécessite de se rapprocher de la Régie du quartier)
  • organiser un défilé en plein air
  • embellir la place du Buisson Saint-Louis en installant des tricots autour des arbres
  • fleurir les rues du quartier Sainte-Marthe (projet à déposer au budget participatif)
  • investir le restaurant associatif La Nouvelle Rôtisserie pour organiser un repas au profit de l’association « Dena’Ba » [projet déjà réalisé par l’association elle-même, qui depuis le 7 novembre y propose des repas africains tous les mardis midi]
  • investir l’espace public pour une disco-soupe
  • aller à la rencontre des jeunes : dans la rue, parler avec eux et demander ce qu’ils veulent faire de leur vie
  • organiser une réunion sur la place du Buisson Saint-Louis avec les jeunes pour les informer des formations, des aides (un peu comme le Forum emploi de la Mairie), mais aussi pour discuter du travail, de leurs centres d’intérêts
  • faire des réunions plus souvent dans l’espace public, à des horaires différents (soirée / fin d’après midi / samedi)
  • développer l’accès aux informations : beaucoup de dispositifs existent mais restent souvent peu connus des intéressés (familles, jeunes…)
  • des panneaux d’information pour les habitants faits par les habitants, sur la place du Buisson Saint-Louis, présentant offres d’emploi, annonces de réunions…
  • organiser une soirée hip-hop, un pique-nique ou autre sortie commune
  • favoriser la rencontre à l’occasion d’une soirée de contes [N.B. – l’association « Les Quatre Horizons » en organise une le 16 décembre, à partir de 17 h, autour des Mille et Une Nuits, dans son local au 16-18 rue Jean et Marie Moinon], de petites fêtes entre voisins ou d’événements sportifs (profitant des équipement de nos voisins de la Grange-aux-Belles)
  • créer dans une école un verger partagé (idée pour le budget participatif)
  • proposer encore une installation sportive pour le quartier (idée pour le budget participatif qui, une fois réalisée, favoriserait aussi la rencontre – comme le projet d’agrès de gymnastique douce à Sambre et Meuse, approuvé à notre réunion de plénière du 4 avril 2017, mais que les services techniques de la Mairie tardent à traduire dans les faits)

 

La séance est levée un peu après 21 h.
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