Publiée le 26 Nov. 2016
COMPTE RENDU ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE CONSEIL DE QUARTIER « HÔPITAL ST LOUIS - FBG DU TEMPLE »
JEUDI 11 DÉCEMBRE 2014 - 19-21h à l’École Parmentier
Sujet : « Futurs commerces croisement Bichat-Faubourg du Temple : Les habitants ont-ils le choix ? Décidons ensemble ! »
En présence et avec la participation de :
- Paul Simondon (Premier adjoint au Maire chargé de l’Urbanisme)
- Dante Bassino (Adjoint au Maire chargé du Logement)
- Hélène Duverly (Conseillère d’arrondissement déléguée au Commerce et à l’Artisanat)
- Sylvain Raifaud (Adjoint au Maire chargé de la Démocratie locale et du Budget participatif, de la Vie associative et des Espaces verts)
- Léa Vasa (Adjointe au Maire chargée de l’Économie sociale et solidaire)
- Antoine Savatier et Marie-Pascale Arnaudet (responsables de programmes chez Paris Habitat)
- Tom Boothe (fondateur du supermarché collaboratif La Louve dans le 18e)
- Pierre Pouey-Mounou et Pierre-Loup Pouey-Mounou (respectivement fondateur et gérant du comptoir bio Altervojo, 127 avenue Parmentier, 75011)
- Dominique Monin (directeur gérant de la librairie Les guetteurs de vent, 108 avenue Parmentier, 75011)
1/ Introduction de la réunion par le Conseil de Quartier
- Ouverture / rappel de ce qu’est un Conseil de Quartier par Nicolas Beauvisage (équipe d’animation) : les CQ ont été institués par une loi de février 2002 pour les villes de plus de 80 000 habitants. On compte 123 CQ à Paris, dont 6 dans le 10e. Le Conseil de Quartier « Hôpital Saint Louis - Fbg du Temple » forme un carré défini par la rue du Faubourg du Temple à l’est, le quai de Jemmapes au sud, la rue de la Grange-aux-Belles à l’est et le boulevard de la Villette au nord ; 11 400 € lui sont attribués chaque année à titre de budget d’investissement. Le but du Conseil de Quartier est d’être acteur de notre quartier. Il a été ainsi à l’initiative de l’opération des 3 murs, des violons de l’école St Maur et de la mise en route d’une réflexion sur la dangerosité du carrefour Parmentier / Alibert. Il fonctionne sur la base du bénévolat, grâce à une équipe d’animation composée de simples habitants et ouverte à toutes et à tous.
- Point sur les dépenses du CQ par Camille Arnodin (équipe d’animation) : L’équipe demande aux habitants présents d’approuver les dépenses déjà engagées pour
- « Les 3 Murs » : fresques réalisées par des graffeurs rue Jacques Louvel-Tessier, rue du Faubourg du Temple et rue Alibert (où, dernièrement, le projet « tirer la langue », mené par une parente d’élève de l’école Parmentier, a fait inscrire sur le mur une cinquantaine des langues parlées dans le quartier) ; coût : 300-500 € par réalisation
- un composteur de 700 l, accessible à tous, installé dans le jardin partagé de la rue du Chalet ; coût : 394 € TTC
et à engager pour
- l’entretien des instruments de l’orchestre St Maur String ; montant estimé : 3 005,87 € TTC
- le remplacement du vidéoprojecteur - tableau numérique offert par le CQ à l’école Vicq d’Azir ; montant estimé : 1 229 € TTC
Toutes ces dépenses sont avalisées à l’unanimité des présents.
2/ Mise en contexte
- Camille Arnodin commence par un bref rappel historique. Le projet immobilier en cours de réalisation à l’angle des rues Bichat et Faubourg du Temple a déjà fait l’objet de deux réunions publiques, le 26 mai 2011 pour l’annonce du projet, puis le 28 février 2013 en connexion avec l’étude réalisée par le CQ sur les commerces et services dans le quartier et leur rôle dans le processus de gentrification. La question des futurs commerces ou équipements à prévoir sur la parcelle s’est dégagée aussi à la plénière du 26 juin 2014 comme l’un des sujets majeurs qui préoccupent les habitants. Elle a pris le pas sur les autres questions évoquées alors en raison des derniers développements : mobilisation des habitants par le collectif Stopmonop, question présentée à ce sujet par le CQ en Conseil d’Arrondissement le 30 juin 2014, réunion du collectif et des élus du 10e, fin août, avec Ian Brossat, adjoint à la maire de Paris chargé du logement, puis fin septembre avec Stéphane Dambrine, directeur-général de Paris Habitat, pour aboutir à l’abandon du projet d’installation d’un DailyMonop’ et à la partition de la surface de 430 m2 initialement conçue pour l’accueillir en quatre locaux (de 82, 123, 176 et 54 m2), dont trois donnant sur la rue Bichat. Avec le local de 173 m2 sur la rue du Faubourg du Temple dont le CQ avait, dès 2011, fait remettre en cause l’affectation à un magasin de vêtements dégriffés, ce sont donc cinq surfaces à vocation commerciale et/ou d’activités dont la commercialisation devrait s’engager dès février 2015, bien que la livraison de l’immeuble ne soit prévue que pour la fin de l’année, avec publication du descriptif précis et du cahier des charges de chaque local sur le site internet de la Ville de Paris (locaux-bureaux.paris.fr).
Ceci remet à l’ordre du jour les attentes des habitants. L’enquête lancée par le CQ en novembre 2012 avec l’aide d’étudiants de l’INSEEC, avait dégagé trois grands axes, les demandes portant surtout sur :
- l’alimentation de proximité (marché couvert, primeur, poissonnerie, charcuterie, fromagerie)
- les lieux de divertissement et de culture (librairie-papeterie, bibliothèque, salle de sport, cinéma)
- un nouveau lieu d’échanges et de services (salle de quartier, accorderie, troc, etc.) - Erika Abrams (collectif Stopmonop) présente ensuite les résultats de l’enquête lancée par le collectif, en ligne et dans les commerces du quartier, le 21 novembre 2014. Les grandes lignes des 123 réponses reçues au 11 décembre confirment les attentes déjà exprimées :
- En matière de commerces proprement dits, la demande est essentiellement pour de l’alimentaire. Les commerçants eux-mêmes insistent que, pour que l'implantation ait une chance de réussir et contribue réellement à rendre sa vie au Faubourg (où de plus en plus de boutiques sont en liquidation entre le canal et l’avenue Parmentier), il faudra regrouper deux ou trois magasins alimentaires. Les top quatre sont : poissonnerie (61 voix), primeur (48), traiteur-charcutier (22), boulangerie de qualité (19).
Les réponses reflètent une double demande : de qualité (avec un intérêt réel pour le bio) et de prix abordables (de là, chez les personnes particulièrement frappées par la crise, un certain attachement aux enseignes de hard discount : 4 voix pour Lidl ou Aldi). La « halle alimentaire » (définie comme une structure de vente directe en circuit court avec ouverture sur un fonctionnement participatif), conciliant ces deux exigences, est donc plébiscitée avec 116 OUI.
- À noter aussi une demande culturelle : librairie, presse et papeterie réunissent ensemble 42 voix.
- En matière d’équipements et de services, le foisonnement des idées rend le classement difficile. Les top quatre : centre de santé ou cabinet médical conventionnée (43 voix), locaux associatifs socio-culturels et salle polyvalente (43), équipements sportifs (34), bibliothèque/médiathèque (31)
Cinq grands besoins se laissent donc cerner pour le quartier. Les participants forment en conséquence cinq ateliers thématiques pour en traiter plus concrètement, en discutant notamment de l’intérêt du projet, des freins à sa réalisation et de la voie à suivre pour y parvenir.
C’est à ce stade que les deux représentants de Paris Habitat quittent la réunion (« pour ne pas privilégier un groupe par rapport aux autres ») en promettant aux élus de les retrouver pour un debriefing au mois de janvier.
3/ Restitution du travail en ateliers par les participants
- Salle polyvalente. – Il s’agirait d’une structure intergénérationnelle et interculturelle, conçue pour réunir aussi tous les milieux sociaux, représentés dans le quartier par une gamme très vaste. Ce serait donc une fabrique de lien social. Un lieu qui permettrait aux associations de présenter des événements et aux habitants d’organiser des fêtes d’anniversaire pour tous les âges. Un lieu d’échange, pour le troc de jouets, de vêtements et de livres. Un lieu qui pourrait accueillir des réunions dansantes, des jeux de société, des ateliers de couture et d’autres activités manuelles, voire des cours d’éducation civique à l’intention des adolescents, des programmes d’alphabétisation et d’accompagnement scolaire, des projections de films, un enseignement artistique (pour le cinéma, la musique et les arts plastiques), un bar associatif qui impliquerait une ouverture de 10 h à 22 h. Un lieu enfin qui, en période de grand froid, pourrait offrir un hébergement d’urgence aux personnes sans domicile.
Les questions à régler sont essentiellement d’ordre pratique : qui assumerait la responsabilité et les coûts de la location, de l’entretien, de la gestion et de la sécurité des lieux, de la publicité que nécessiterait l’organisation des différents créneaux ? Comment régler le partage des créneaux ? Les activités seraient-elles gratuites ou faudrait-il prévoir un système de cotisations (à l’activité ou selon des formules plus larges) ? Comment gérer l’espace pour éviter les possibles nuisances de voisinage et les conflits entre usagers ?
Le premier pas devra donc consister à rédiger une charte détaillée en sollicitant le concours des associations susceptibles de devenir parties prenantes au projet. - Halle alimentaire (avec la participation de Léa Vasa, Dante Bassino, Tom Boothe et Pierre Pouey-Mounou). – La projet répond à une très forte demande des habitants pour des produits alimentaires de qualité (écoresponsables sans être forcément bio), à prix abordable, en circuit court, garantissant aussi aux producteurs une rémunération plus correcte que ce qu’offre la grande distribution et comportant un volet éducatif en direction des habitants de milieu populaire jusque-là exclus du marché bio. Porté par le collectif Stopmonop dans sa lutte contre l’installation d’un nième supermarché dans le quartier, il rejoint une promesse de campagne de la nouvelle majorité municipale, inscrite désormais sur la feuille de route d’Olivia Polski, adjointe à la maire de Paris chargée du commerce et de l’artisanat. « Démarche de développement humain durable sur toute la chaîne », dont le modèle concret reste à inventer.
Ce ne sera ni un marché couvert ni un supermarché. Tom Boothe présente la formule coopérative de La Louve : une « crèche parentale » appliquée au commerce, où la participation des « clients » sous la forme de trois heures de travail bénévole toutes les quatre semaines permet d’abaisser les coûts (perçus comme incompressibles). Le succès de la participation des habitants est réel, mais la réduction de prix n’est offerte qu’aux sociétaires. Reste aussi à savoir si ce modèle, s’appliquant à une surface de 1 000 m² dans le 18e et s’inspirant d’un modèle new-yorkais qui compte 16 000 membres pour une surface de vente de 500 m2, peut se transposer aux locaux de la rue du Faubourg du Temple et de la rue Bichat, qui ont une dimension de 100 à 150 m².
La proposition d’Altervojo, inspirée du modèle traditionnel du commerce de proximité (d’avant le développement de la grande distribution), s’attache à la cohérence de la chaîne à établir entre producteurs, distributeurs et détaillants dans le respect du savoir-faire de chacun, mais devrait évoluer pour prendre en compte la dimension populaire de la « halle ».
Le niveau des loyers annoncé par Paris Habitat représente un frein non négligeable, d’autant que l’aménagement du local brut de béton, s’ajoutant aux cautions bancaires, conduirait à une avance d’environ 300 000 € pour un commerce de 100 m². D’autre part, le délai de neuf mois de l’appel d’offres se révèle très court pour la mise au point d’un modèle coopératif (il faudrait compter plutôt deux ans). Enfin, l’absence de réserve constitue une difficulté notamment pour la chambre froide, très contraignante en termes d’isolation phonique. Une réserve en sous-sol aurait le double avantage d’abaisser le loyer et d’offrir les espaces techniques indispensables à un commerce alimentaire.
Il faudrait, ici aussi, rédiger une charte et pouvoir, dans les négociations avec le bailleur, compter sur l’appui de la mairie dans une perspective qui, idéalement, ne se limiterait pas seulement à notre quartier. - Centre de santé. – On constate dans le quartier un besoin réel de services médicaux pour faire face à ce qui peut être perçu comme une menace de désertification concernant notamment le secteur conventionné. Avant les démolitions, il y avait déjà sur la parcelle un dispensaire (le Centre Médical Goncourt-République), fréquenté par les habitants du quartier, qui drainait des publics en difficulté, et que l’une des premières moutures du projet envisageait de préserver.
Le modèle des maisons médicales de garde dans le 19e, annexées à des hôpitaux et conçues pour désengorger les urgences, ne semble pas adapté. Les participants inclinent plutôt vers celui d’un centre regroupant plusieurs professionnels, médicaux et paramédicaux, généralistes et spécialistes, et proposant des amplitudes d’horaires plus importantes que les cabinets classiques. Il faudrait étudier la possibilité d’un élargissement du Centre de santé Richerand (qui est à proximité, mais ne suffit pas, avec des délais d’attente importants pour certaines spécialités) de façon à enrichir l’offre de soins et augmenter les vacations, sans pour autant sortir du secteur 1.
Le premier pas serait toutefois d’établir un état des lieux avec les habitants pour mieux définir les besoins. - Activités associatives. – La réflexion ici s’est portée essentiellement sur le secteur de l’économie sociale et solidaire en partant de l’exemple du café d’Aligre (café associatif « La Commune »), lieu de solidarité ouvert à toutes les bourses, qui accueille plusieurs associations et s’autofinance sur le prix des repas préparés par des bénévoles. Bien sûr, le café d’Aligre bénéficie d’un loyer subventionné par la Ville, très loin des 500 €/m2 HT HC annuels demandés par Paris Habitat pour les locaux à l’angle Bichat-Faubourg du Temple. Pour nourrir la réflexion encore tâtonnante, le plus indiqué semble être de se mettre en rapport avec les pépinières d’entreprises qui existent déjà afin d’alimenter un appel à projets ciblant la sphère de l’économie sociale et solidaire dans une perspective de viabilité économique.
Léa Vasa intervient pour présenter brièvement l’Atelier, centre de ressources régional de l’ESS, qui apporte son aide à la fois aux porteurs de projet, aux professionnels de l’accompagnement et aux collectivités, et la Ruche, incubateur et espace de travail collaboratif dédié aux entrepreneurs sociaux, situé 84 quai de Jemmapes, qui reçoit tous les vendredis à 13 h autour d’un déjeuner. - Commerce culturel : librairie (avec la participation de Dominique Monin). – Les habitants sont nombreux à se plaindre du manque, dans le quartier, d’une librairie généraliste, d’une maison de la presse (complémentaire du kiosque du métro Goncourt) et d’une papeterie (plus adaptée à la demande que le rayon minimaliste du Monoprix ou La Palette du Faubourg, spécialisée dans les arts graphiques). En tant que lieu de rencontre avec les acteurs de la vie culturelle, lieu qui accueille des lectures publiques et pourrait inclure aussi un coin-lecture (encore une demande des habitants), une librairie serait par ailleurs une activité propre à générer du lien social sans grever le budget public.
Sa viabilité économique implique un emplacement passant, les deux tiers des ventes se faisant à une clientèle de passage (seuls les commerces no1, 2, éventuellement 3, entreraient donc en ligne de compte). Par ailleurs, le prix du livre et de la presse est fixe, la marge du libraire ou du vendeur très réduite, alors qu’il faudrait prévoir une surface d’environ 100 m2 ; le loyer demandé par Paris Habitat est donc tout à fait rédhibitoire et devrait être réduit au moins de moitié pour rendre le projet envisageable.
Dominique Monin verrait, dans le commerce no 1, 2 ou 3, un magasin mixte combinant un bon rayon papeterie de détail et un bon rayon presse avec une librairie généraliste de proximité immédiate à dominante illustrée (jeunesse, BD, éventuellement beaux livres) ; grâce à cette dominante jeunesse, la structure pourrait jouer un rôle social important comme facteur d’intégration et s’intégrerait elle-même de façon très cohérente dans le nouvel immeuble, conçu dans une perspective de logements familiaux (nombreux T3, T4, T5), qui va accueillir aussi une crèche et en face duquel vient de s’ouvrir un atelier d’activités pour enfants (peinture, dessin, théâtre – au 10 rue Bichat).
En attendant la publication d’un cahier des charges, il faudrait maintenir la mobilisation des habitants pour tenter de profiter de la politique de soutien aux libraires indépendants affichée par l’actuelle majorité municipale.
4/ Conclusions des élus présents, invités par Camille Arnodin à s’exprimer sur ce qu’ils jugent possible et pour quoi ils auraient « envie de se battre » aux côtés des habitants.
- Hélène Duverly, conseillère déléguée au commerce :
Que dire ? En ce qui concerne les librairies notamment, la Ville, par l’intermédiaire de la Semaest, a déjà acheté les murs de trois librairies – une spécialisée dans les BD et deux généralistes – dans d’autres quartiers du 10e. Elles payaient des loyers trop élevés et étaient en conflit avec leurs propriétaires des murs, qui se montraient de plus en plus gourmands. Chez vous, la Semaest n’intervient pas pour l’instant, mais nous espérons que cela viendra. Nous avons demandé un financement pour une nouvelle opération Semaest qui nous permettrait de préempter des locaux commerciaux qui existent déjà dans la rue. Ce sont souvent de petites boutiques, sur lesquelles on arrive à mieux maîtriser le coût pour proposer des commerces de proximité.
On me demande aussi d’expliquer le processus d’attribution des surfaces commerciales en pied des immeubles bâtis ou aménagés par les sociétés d’économie mixte, ou bien achetés par la Semaest. La Semaest, quand elle achète, essaie de ne pas acheter trop cher, pour ne pas encourager la spéculation. Les bailleurs sociaux, eux, construisent, aménagent, rénovent des immeubles, et attribuent alors les locaux en pied d’immeuble à des activités ou bien associatives ou bien commerciales et artisanales. Les bailleurs proposent des candidats au choix de la Ville, et c’est la mairie d’arrondissement qui décide : plusieurs élus, le maire, les adjoints, etc. On s’appuie bien évidemment sur les besoins du quartier. On regarde ce qu’il y a déjà. En implantant des activités, on évite de faire concurrence à ce qui existe déjà, dans le privé comme dans le public.
Ici, dans le cadre d’un immeuble neuf, Paris Habitat reçoit, ou recevra des candidatures. Nous en recevons aussi en mairie, de gens qui savent qu’il y a un immeuble qui se construit et qui viennent exposer leurs projets. Il y a donc deux sources. Ensuite, dans le processus normal, Paris Habitat sélectionne les candidats en fonction d’abord de leur activité (selon qu’elle manque ou non dans le quartier), mais surtout de leur viabilité économique. Qu’ils soient au démarrage de leur activité ou déjà chevronnés, les porteurs de projet devront avoir un financement qui leur permette de tenir la route – s’ils sont mis en faillite au bout de quelques mois ou de quelques années, ce sera un échec pour tout le monde. Et il faut aussi qu’ils répondent aux critères techniques du local et de l’immeuble.
Dans le cas du projet Bichat-Faubourg du Temple, nous sommes dans l’amont des choses, au moment où on va susciter des candidatures sur les projets qu’on aura retenus. - Dante Bassino, adjoint chargé du logement :
Un petit mot rapide d’abord pour féliciter les habitants qui se sont mobilisés sur le problème des commerces à proximité de chez eux. La question qui se pose là est celle du droit à la ville : « Quels commerces, quelles activités en bas de chez moi ? pour qui ? pour quoi faire ? » Je pense que c’est extrêmement intéressant que les habitants se réapproprient cette question : pour que la ville soit pour tous, pour que les activités en pied d’immeuble social soient des activités utiles. Donc félicitations aux habitants ! Sans leur mobilisation, nous n’aurions pas forcément quelque chose qui soit socialement utile.
Deuxième remarque, qui est peut-être l’essentiel, sur l’ensemble des projets : je n’ai pas envie qu’on se limite et qu’on dise qu’il va falloir sélectionner entre nous. Il faut porter tous les projets qui peuvent vous sembler utiles et nécessaires. À vous maintenant de pousser plus loin la réflexion de ce soir et de voir quels sont ceux que vous avez envie de porter. Si c’est tous, nous les porterons tous. Après, il y a évidemment la question du prix des surfaces qui va se poser. J’ai commencé à discuter avec le cabinet de Ian Brossat, qui est adjoint au logement à la Mairie de Paris. Nous allons chercher ensemble des solutions, au moins sur certaines surfaces, pour ne pas être autour des 500 € du m2 annuels, parce que ce prix-là ne permettrait pas de faire quelque chose d’utile pour le quartier. - Paul Simondon, premier adjoint, chargé de l’urbanisme :
C’est un sujet dont nous parlons ensemble depuis un certain temps. Comme vous l’avez rappelé, j’étais là déjà en 2011, et aussi en 2013. Je tiens à féliciter l’équipe pour la présentation très claire du processus, qui est effectivement un processus long, et à vous remercier pour toutes vos réflexions. Il me semble important de rappeler d’abord ce dont personne ne parle et qui est pourtant extrêmement signifiant : le projet lui-même. C’est, avant tout, un projet de logements sociaux – 90 logements sociaux d’une très belle qualité architecturale – avec aussi une crèche de 66 berceaux. Il y a eu accord dès le début sur les logements sociaux et la crèche dans cette construction, et je trouve que c’est significatif pour le quartier et l’arrondissement. Cela me fait plaisir, cela me rend même un peu fier, que le débat porte justement sur le reste.
La question, telle qu’elle a été posée, est donc : OK, les logements sociaux, c’est très bien, mais les commerces aussi sont importants, ils créent de l’animation dans le quartier, ils jouent un rôle dans la vie du quartier – que pouvez-vous faire pour l’utilité sociale de ces commerces ? Longtemps, notre priorité a été de faire aboutir le projet : pour les logements sociaux, pour la crèche, pour l’urgence sociale que représente ce projet qui – ceux qui sont dans le quartier depuis un moment le savent – ne date pas d’hier. De ce point de vue-là, le fait que l’immeuble soit enfin en chantier est vraiment une bonne nouvelle. Tant que Paris Habitat nous disait qu’ils ne pourraient pas réaliser le projet sans une grande surface (Monoprix ou autre) nous ne voulions pas tout mettre en péril, même si nous ne tenions pas particulièrement à la grande surface… Ensuite, eh bien, il y a eu une persévérance, très claire, de la part des habitants, une mobilisation, par le collectif Stopmonop et aussi par le Conseil de Quartier, qui en a parlé plusieurs fois et nous a amenés nous-mêmes, élus, à en discuter avec vous pendant la campagne électorale puis, après notre élection au printemps, à dire clairement à Paris Habitat : « Il faut réussir à bouger là-dessus, il faut avoir quelque chose à proposer, y compris sur l’aspect commercial. »
Paris Habitat et l’architecte – c’est important, il faut que l’architecte aussi soit d’accord pour qu’un changement devienne possible – ont alors accepté deux choses. L’architecte a accepté de découper et de revoir l’organisation du rez-de-chaussée pour prévoir en pied d’immeuble, non pas une grande ou moyenne surface (qui, vu sa configuration, ne pourrait accueillir qu’un supermarché), mais bien plusieurs locaux. Du coup, cela ouvre complètement les possibilités. C’est vraiment une évolution qui était indispensable et, de ce point de vue-là, une vraie victoire. Et il n’y a pas que cela. Paris Habitat a compris aussi qu’il y avait des projets alternatives, des demandes pas classiques en termes commerciaux, et donc qu’il fallait se donner un peu de marge de manœuvre dans le processus d’attribution. Voilà pourquoi ils ont accepté d’ouvrir l’appel à candidatures, pour les projets qui souhaiteraient atterrir dans ces locaux, dès le début de l’année 2015. Normalement, ce serait plutôt à partir de l’automne, juste quelques mois avant la livraison. Là, les différents projets vont avoir plus de temps pour déposer une candidature qui sera examinée pendant l’été.
Avoir plus de temps, c’est important, mais cela ne règle pas tous les problèmes. D’une part, il y a le niveau des loyers. Il y a une vraie question là-dessus. Le rôle d’un bailleur social…
Camille Arnodin : Ce sont des surfaces très grandes.
Oui, enfin, il y en a une qui est petite. La plus grande fait 200 m2 en tout, mais elle pourra être coupée en deux. Tout est relatif… En tout cas, cela n’a rien à voir avec ce qui était proposé avant. Pour revenir aux loyers, l’objectif d’un bailleur social, c’est de faire du logement social, et les logements sont subventionnés. Le bailleur n’a pas à subventionner les commerces. Ce serait d’ailleurs compliqué pour la concurrence, pour ne pas dire impossible. Bien sûr, il ne devrait pas non plus aller dans le sens de la spéculation. Par rapport aux loyers annoncés – comme l’a dit Dante Bassino – il sera difficile d’être très en dessous des prix du marché, mais franchement, il n’y a pas de raison d’être au-dessus. Il y aura donc une discussion là-dessus.
Deuxième point : j’espère que, parmi tous les projets discutés ce soir, il y en a un qui pourra trouver un porteur et un mode de financement, et qu’on pourra faire atterrir à cet endroit. Au moins un. Le dialogue est noué, le contact avec Paris Habitat est pris, et je sais que les choses ne vont pas s’arrêter là. Pour voir donc un peu plus loin… Ce que nous retenons, en tant qu’élus locaux, ce sont d’abord les demandes relatives au commerce et à l’activité dans le quartier en général. Il faut réussir à dézoomer, à ne pas tout focaliser sur un immeuble. La question qui se pose est beaucoup plus générale, c’est pourquoi nous sommes amenés à réfléchir plus largement sur les outils à mettre en œuvre pour favoriser le dynamisme commercial. Hélène Duverly vous l’a dit, nous espérons pouvoir utiliser dans le quartier des outils qui ont fait leurs preuves ailleurs. Cela dépendra des décisions budgétaires qui appartiennent à la Ville de Paris. On verra. En tout cas, nous sommes demandeurs, et nous voulons que la réflexion ne se limite pas à cet immeuble-là, mais qu’elle resserve ensuite pour d’autres.
Il y a le modèle économique de ces commerces, avec le loyer annoncé très haut dès le début, mais il y a autre chose encore qui donne à réfléchir : le temps de la décision. Nous en parlons avec vous depuis 2011, mais Paris Habitat avait prévu les choses bien avant. Si cela a été problématique, c’est aussi parce que, depuis le temps, les conditions économiques du quartier et les attentes des habitants ont changé. Peut-être qu’au départ tout le monde aurait voulu un Monoprix. Je ne sais pas. En tout cas, le processus a été trop lent. Il y a un problème d’adéquation, entre le rythme de la prise des décisions et une trop grande anticipation à ce sujet. Pour nous, c’est une leçon à tirer sur le fonctionnement de la Ville. C’est trop lent, y compris pour les logements. On attend trop longtemps. Il y a des causes extérieures au fonctionnement de la Ville. Il y en a d’autres qui nous incombent et sur lesquelles il faudra qu’on arrive à faire des efforts. C’est bien là le nœud de la discussion qui nous réunit. Je vous remercie. - Sylvain Raifaud, adjoint chargé de la démocratie locale :
Je voulais juste dire un mot pour remercier l’équipe d’animation, le collectif et les habitants qui se sont mobilisés pour qu’on puisse avoir cette discussion ce soir. Ça fait en effet un moment que le sujet est sur la table. Il y a eu une avancée vraiment forte et importante avec la possibilité d’implanter d’autres types de commerces qu’un Monoprix sur cet espace. Je pense aussi que l’exercice qu’on fait ce soir – l’échange de points de vue sur le type d’équipements ou de commerces qu’on pourrait accueillir sur cet emplacement – est un exercice intéressant de démocratie participative. L’appel à candidatures est désormais ouvert. Il nous appartient à tous de le relayer, de faire connaître cette démarche, pour assurer qu’il y ait des projets pertinents présentés, dont peut-être des propositions qui n’ont pas été examinées à ce jour. Je rejoins là les propos de Paul. Il y a un certain nombre de réflexions qui ont été apportées ce soir, un certain nombre de propositions autour de ces cinq projets… Quand bien même tous les cinq ne verraient pas le jour à l’angle de la rue Bichat et de la rue du Faubourg du Temple, la réflexion n’est pas perdue et pourra s’appliquer aussi à d’autres types d’espaces. La salle polyvalente fait partie des sujets importants qui sont relayés dans différents quartiers. La halle alimentaire figure dans le projet que nous avons porté ensemble pour les élections, c’est donc quelque chose que nous allons faire.
Merci pour vos idées.